Tchad : le cri d’une jeunesse sans espoir
« Vivre, c’est espérer », a-t-on coutume de le dire. En d’autres termes, l’espoir nous fait vivre. La jeunesse porte en elle l’espoir de la vie. Demain appartient aux jeunes, nous disent les « personnes âgées ». Elles nous disent aussi très souvent que nous sommes le fer de lance de la société. Quand on perd l’espoir, on cesse de vivre. On ne meurt pas, mais je voudrais dire que le bonheur et la joie nous quittent. La jeunesse tchadienne n’a-t-elle pas perdu l’espoir ?
Le Tchad est un pays pétrolier qui a encore du mal à satisfaire la jeunesse. Les jeunes Tchadiens pleurent. L’avenir semble ne rien leur promettre de radieux. Demain est obscur pour la plupart de ces jeunes que je rencontre tous les jours. Nos causeries tournent autour de la galère qu’ils vivent au quotidien.
Le Tchad ne compte pas encore beaucoup de diplômés, et le taux de chômage est inquiétant. Il n’est pas aisé d’obtenir des statistiques fiables, mais selon ce que j’observe, je peux faire ce triste constat. Il n’y a pas une réelle politique d’embauche. Le lundi 4 mai 2015, un jeune homme postait sur le réseau social Facebook cette phrase : « Je voudrais m’adhérer au MPS (Parti du président au pouvoir) pour avoir du travail à la fonction publique. ». Cela démontre à suffisance la difficulté à obtenir du boulot en toute justice. Il n’est pas surprenant d’écouter des intellectuels, membres du parti au pouvoir, recommander fortement au chef de l’Etat l’intégration à la fonction publique et la promotion aux postes de responsabilités des jeunes membres de ce parti politique.
Les jeunes ruraux se déversent en ville par milliers. Ils choisissent pour la plupart le travail domestique ou les travaux dans les chantiers de construction. Mal rémunérés, ils se livrent au banditisme, à la drogue, etc. Les campagnes devraient être développées pour une promotion locale de l’emploi. Il n’y a pas assez d’industries dans le pays pour absorber le grand nombre des chômeurs.
L’armée reste le secteur qui emploie le plus. Ils sont nombreux, ces jeunes à vouloir s’enrôler dans l’armée pour espérer gagner leur pain. Mais là aussi, il est impossible d’absorber tous les chômeurs.
La jeunesse tchadienne est battante. Elle ne semble pas croiser les bras. Mais tous les circuits de l’entrepreneuriat sont verrouillés par les grands hommes d’affaires qui monopolisent les petites activités. Les jeunes marchands ambulants sont chassés à longueur de journée par la police municipale qui les empêche de bien exercer leur job. Les jeunes femmes vendeuses de produits maraîchers vivent la même situation. Les jeunes diplômés devenus des moto-taximen pour leur survie sont harcelés par la police.
J’appelle les autorités à agir dans la justice, pour promouvoir l’emploi des jeunes. Ils sont l’avenir de ce pays, de ce continent et de ce monde. Tant qu’on aura une jeunesse affamée, sans emploi, abandonnée à elle-même, le monde ne sera jamais en paix.
Écoutons le cri de la jeunesse tchadienne qui traduit le cri de la jeunesse africaine et du monde.